Mal d'approbation

Mal d'approbation

Dépendance affective

Dans l'ombre d'un tea-room lausannois, Élodie attendait, l'œil rivé sur la porte, guettant le moindre mouvement. Ses doigts jouaient nerveusement avec la nappe en toile, trahissant une agitation intérieure. Elle espérait, elle redoutait. Ce ballet incessant d'émotions contradictoires était devenu sa seconde nature.

Élodie avait grandi dans une vie où l'approbation devenait une quête. Elle cherchait dans le regard des autres une reconnaissance, un signe, une confirmation de sa propre existence. C'était là son élixir, le baume apaisant pour son âme en proie à un tumulte constant. Mais ce baume, aussi doux fût-il, portait en lui les germes d'une toxine, celle de la dépendance affective.

Selon « le programme », cette dépendance n'était pas bien différente de celle liée à une substance. Tout comme un toxicomane nie sa dépendance, Élodie minimisait sa soif d'approbation. Elle avait essayé, à maintes reprises, de se convaincre qu'elle pouvait être seule, qu'elle n'avait pas besoin de l'approbation constante des autres. Mais chaque tentative se soldait par un retour plus fort vers cette quête d'affection.

Les Dépendants Affectifs Anonymes parlaient de cette peur abyssale de l'abandon, et Élodie la connaissait bien. Elle l'avait ressentie chaque fois qu'un ami tardait à répondre à un message, chaque fois qu'une relation prenait fin, chaque fois qu'elle se retrouvait seule dans le silence assourdissant de son appartement.

Elle s'était engagée dans des relations tumultueuses, cherchant soit à sauver l'autre, soit à être sauvée, dansant sur une mélodie de déséquilibre. Malgré ses relations incessantes, un sentiment d'infériorité la rongeait, l'amenant à chercher encore plus d'approbation, un cercle vicieux dont elle ne voyait pas l'issue.

Mais ce jour-là, dans ce tea-room lausannois, Élodie avait décidé de faire face à ses démons. Elle avait découvert les Dépendants Affectifs Anonymes et, à travers leurs récits, elle avait reconnu ses propres blessures. Elle savait que le rétablissement serait un long voyage, mais elle était prête à le commencer.

Le serveur s'approcha, la sortant de ses pensées. "Un autre café, mademoiselle ?" Elle sourit, "Non merci, j'attends quelqu'un." Ce quelqu'un, ce n'était pas un amoureux, un ami ou un membre de la famille. C'était elle-même, enfin prête à s'accepter, à s'aimer, sans dépendre des autres. Et c'était là, peut-être, le début de sa véritable liberté.

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