Dépendance affective
Dans l'obscurité silencieuse d'un café discret, Solange sirotait son thé, chaque gorgée déclenchant un tourbillon de souvenirs. L'air autour d'elle semblait se densifier à chaque respiration. Elle se souvenait de chaque moment où elle avait cherché de la validation, chaque instant de déni, chaque parcelle de temps où elle avait cru être incomplète sans une autre âme pour la compléter.
Solange était une énigme. Elle était cette étoile filante qui captivait tous ceux qui croisaient sa route, pourtant elle ne se voyait que comme une simple étincelle perdue dans l'immensité du cosmos. Là où le monde voyait une femme forte et indépendante, elle ne percevait que son besoin désespéré d'approbation.
Le programme décrivait son état comme une progression, un glissement lent mais sûr vers le chaos. Elle avait commencé à percevoir des signes précurseurs, des moments de déni profond où elle minimisait son besoin insatiable d'autres personnes, où elle tentait désespérément de contrôler son attachement. Toutefois, ces efforts s'avéraient vains.
Elle pensait souvent aux réunions des Dépendants Affectifs Anonymes, aux visages familiers qui partageaient son combat. Ils parlaient de la peur lancinante de l'abandon, du vertige qui surgissait à la simple pensée d'être seul. Dans ce sanctuaire, elle avait appris que sa dépendance la poussait souvent vers des relations déséquilibrées, où elle jouait soit le rôle du sauveur, soit celui du naufragé, éternellement en quête d'un phare.
Sa réflexion l'emmena vers un soir d'hiver, où, sous un ciel étoilé, elle avait senti un lien indéfectible avec une âme qui semblait comprendre ses profondeurs. Mais cet amour, si pur et intense, avait mis en lumière ses peurs les plus enfouies. La balance de leur relation s'était inclinée, l'un devenant la béquille de l'autre. Solange avait ressenti ce vertige familier de la dépendance, un besoin compulsif de sa présence, de ses mots, de son affection. Elle était devenue son ombre.
Mais les ombres, aussi étroites soient-elles, ont leur propre force. Dans le sanctuaire des DAA, Solange avait appris à reconnaître les reflets de son âme, à embrasser ses imperfections et à comprendre que son voyage ne dépendait pas des autres, mais d'elle-même. Elle avait découvert que la véritable validation venait de l'intérieur.
Alors, dans le silence du café, elle se leva, laissant derrière elle les chaînes de sa dépendance affective, avec l'espoir de trouver, un jour, un amour équilibré, non pas pour la compléter, mais pour la célébrer.