Éclats brisés

Éclats brisés

Colère et alcool

Dans la petite ville de Lausanne, à l'ombre du grand lac, se dressait un vieux bar appelé "La touche d’eau". C'était un lieu de refuge pour certains, un endroit pour oublier pour d'autres, et pour Jack, c'était les deux à la fois.

Jack avait été autrefois un homme respecté, un professeur d'histoire aimé de ses élèves et admiré par ses collègues. Mais à mesure que les années passaient, une bouteille discrète trouvait régulièrement sa place dans le tiroir de son bureau, cachée derrière des piles de copies. C'était son petit secret, son antidote contre la colère qui bouillonnait en lui, un héritage de son père qu'il n'avait jamais réussi à surmonter.

Les soirées à "La touche d’eau" étaient pour lui un rituel. Il s'y rendait après ses cours, s'asseyait au fond, commandait son whisky et se laissait engloutir par la douce mélodie de l'oubli. Mais avec l'ivresse venait aussi la colère. Une colère imprévisible, déchaînée par les souvenirs d'une enfance tumultueuse, les échos des cris de son père, les regrets de ses propres choix.

Un soir d'hiver, alors que la neige tombait doucement sur Lausanne, Jack, plus éméché que jamais, se leva brusquement, renversant sa chaise. Il hurla à l'encontre du barman, accusant ce dernier de diluer ses boissons, puis tourna sa colère vers un groupe d'étudiants qui riaient à une table voisine. Ses mots étaient des couteaux, tranchants et impitoyables.

Les clients du bar, habitués à ses excès, tentèrent de l'apaiser. Mais ce soir-là, la tempête intérieure de Jack était plus forte que tout. Dans un élan de rage, il brisa une bouteille contre le mur, les éclats de verre volant telles des étoiles filantes.

Mais alors que le silence retombait sur le bar, une voix douce et familière s'éleva. C'était celle de Sonia, une vieille amie qui, elle aussi, connaissait les démons de la dépendance. Elle s'approcha de Jack et lui parla du modèle Minnesota, une voie vers un rétablissement qu'elle avait elle-même empruntée. Elle lui parla de la nécessité de reconnaître sa maladie, de la puissance du groupe et du pardon.

Jack, les larmes aux yeux, écouta. Dans sa colère, il avait brisé bien plus que de simples bouteilles. Il avait brisé des relations, des espoirs et une part de lui-même. Mais avec l'aide de Sonia et la perspective d'un nouveau chemin, une lueur d'espoir brillait enfin dans les ténèbres de sa vie.

Et tandis que Lausanne se réveillait sous un manteau blanc immaculé, Jack, avec Sonia à ses côtés, prit la décision de se reconstruire, pas à pas, à l'image de cette ville résiliente qui, malgré les tempêtes, se tenait toujours fière et debout.

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